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> Intermittents Du Cinéma Français, et leur statut particulier
Messensib
posté ven. 14 mai 2004, 07:42
Message #21


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Il y a actuellement plus de 2 500 000 chômeurs + qques millions de salariés avec des contrats d'intérimaires ou à durée très faible, tout ça étant des salariés très très pauvres, quoi. Les caissières des grandes surfaces sont obligées d'avoir des portables pour qu'on puisse les convoquer pour faire 2 ou 3 h à n'importe quel moment. Il y a 1 million d'enfants en dessous du seuil de pauvreté.
Tout ça dans notre belle France qui, pourtant, "fabrique" de la "richesse" (pour qui ?).
Alors, ne t'étonnes pas qu'on te traite de "privilégié sad.gif Quoi, 507 heures seulement, 14,5 semaines pour être indemnisé !!! Scandale angry.gif Au royaume des aveugles....etc...

PS 1 Et c'est pas le moment de vous battre entre vous. C'est la stratégie du Medef de diviser. Diviser pour privatiser. Cornegidouille.
PS 2 Pour "améliorer" le ferroroutage (?) en vire 2500 cheminots. Rigolo, non ? blink.gif blink.gif
Je soutiens également les employés du Carlton
QUOTE (Maykeul @ May 11 2004, 09:11)
Tu veux parler des restaurateurs cannois qui ont reçu le petit cadeau gouvernemental en début d'année ??  angry.gif

Oui, c'était fait pour qu'ils embauchent du personnel... blink.gif

Ce message a été modifié par Messensib - ven. 14 mai 2004, 08:13.
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heral
posté ven. 14 mai 2004, 08:39
Message #22


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QUOTE (ericlc @ May 14 2004, 02:12)
alors merci christophe pour tes leçons de morale !

angry.gif angry.gif angry.gif

je pose juste des questions......

loin de moi , l'idée de donner quelque leçon que se soit !

juste que je pense que le regime aurait dû etre renegocier plutot sous la gauche que sous raffarin X.

que ce dossier est comme un baton merdeux, qu'on ne sait pas par quel bout le prendre !

et please, ne jouons pas aux vierges effarouchées, y a pas que le patronnat à qui "profite" ce statut.
on en a deja longuement parlé , il me semble, et je rappelle que même la cgt spectacle au debut du conflit disait qu'il fallait faire un peu de menage.

je voudrais juste dire pour qu'il n'y ait aucune meprise , que j'ai été intermittent, et que je pense que ce statut est un moyen pour créer des richesses culturelles.
aujourd'hui, passé de l'autre coté du mirroir, j'en ai salarié 16 l'année dernière !
il faut donc le maintenir coute que coute !
pour les intermittents et pour les entreprises "culturelles"

ce statut est un moyen .
pour autant , est ce le seul, est il immuable ?

pourquoi des personnes* formées, competentes, peuvent ne pas arriver à boucler un dossier de 44 cachets (et rien à voir avec la concurrence des amateurs, ou les cafetiers ).

les boites de prod tombent comme des mouches!

c'est quand meme le foutoir!!

*(il y en a sur ce site qui se reconnaitront)


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le heral, parce que je le vaurien
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Mr.T
posté ven. 14 mai 2004, 10:53
Message #23


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QUOTE (heral @ May 14 2004, 09:39)
juste que je pense que le regime aurait dû etre renegocier plutot sous la gauche que sous raffarin X.

que ce dossier est comme un baton merdeux, qu'on ne sait pas par quel bout le prendre !

Mais évidemment que ça doit être renégocié... On est majoritairement d'accord là dessus... Seuls qqls profiteurs professionnels te diront qu'il ne faut surtout rien toucher.
Combien de fois faudra t-il le répeter: plafonnement à la baisse de l'indemnisation et maintient voire augmentation des carrences.
Avec ça on va en faire des millions d'économies et sans que ça affecte les plus démunis. Et je suis bien placé pour le dire sachant que je fais justement parti des "heureux" intermittents (pour combien de temps, c'est un autre débat...) qui gagnent bien leur vie et qui hallucinent mensuellement sur les sommes qu'on leur verse (mais oui on a quand même une conscience!...).
En revanche, pour l'instant, on a rien trouvé d'autre pour "salarier" les gens dans nos profesions à mission éphémère... C'est pas une raison pour envisager, comme sous-entendu plus haut, une solution "à l'américaine" ou à "l'anglaise".
Les américains ou les anglais seraient prêt à tuer père et mère pour avoir un semblant de systême comme celui que nous avons plutôt que de devoir faire des boulots merdiques la journée pour pouvoir faire les artistes le soir.
On va quand même pas encourager le nivellement vers le bas??...
Si???....


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Messensib
posté ven. 14 mai 2004, 11:00
Message #24


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QUOTE (heral @ May 14 2004, 09:39)
....et please, ne jouons pas aux vierges effarouchées, y a pas que le patronnat à qui "profite" ce statut.

A qui donc d'autre ? ( je ne joue pas les naïfs, je le suis vraiment)
QUOTE (damos @ May 13 2004, 23:00)
Aux USA les syndicats de musiciens sont très puissants et on ne peux pas par exemple programmer une boite ou sampler un batteur sans payer un batteur salarié au stud.Les américains sont beaucoup plus protectionistes qu'il n'y parait,ils protègent leurs musiciens,leurs acteurs et taxent les produits entrant comme les guitares japonaises. Ils ont un régime intermittent sous une autre forme adapté à leur culture....c'est le protectionisme rolleyes.gif

Est-tu sûr ? Pourquoi payer un batteur sans le faire jouer ? Il est vrai que j'entends pas mal de vrais instruments sur des séries TV récentes.
En France, les machines ont TUé les musiciens de studios sauf qques guitareux et solistes. Leur syndicat s'est démerdé comme un manche angry.gif (Les musicos de l'Opéra, du comique et de la garde républicaine ne peuvent plus arrondir leur fin de mois)
Mais, ça c'est le "progrès". Toutes les années 70, 80, et une partie des 90, je suis allé en studio avec des musiciens avec une fréquence de 100% au début et qui est allée en diminuant pour me retrouver pratiquement seul comme un c*n chez moi angry.gif angry.gif (et je joue comme un pied de presque tout....) P*tain de civilisation angry.gif angry.gif Non, je jouais....

PS je vois Mathieu qui arrive. Mais y-a pas que les intermittents que ça concerne. TOUT doit être "renégocié"

Ce message a été modifié par Messensib - ven. 14 mai 2004, 11:04.
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Mr.T
posté ven. 14 mai 2004, 11:24
Message #25


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QUOTE (Messensib @ May 14 2004, 12:00)
Mais, ça c'est le "progrès". Toutes les années 70, 80, et une partie des 90, je suis allé en studio avec des musiciens avec une fréquence de 100% au début et qui est allée en diminuant pour me retrouver pratiquement seul comme un c*n chez moi angry.gif angry.gif (et je joue comme un pied de presque tout....) P*tain de civilisation angry.gif angry.gif Non, je jouais....

PS je vois Mathieu qui arrive. Mais y-a pas que les intermittents que ça concerne. TOUT doit être "renégocié"

Voilà, voilà, j'arrive... (-;
Ca, à mon sens, Maurice, c'est effectivement un tout autre débat.
Le débat consistant à savoir si "on" (la "société" dans son entier) est prêt à se satisfaire de musique à machine (Rap, techno ou même musiques plus "classiques") ou si on veut de la musique avec des vrais morceaux d'êtres humains dedans.
Perso, j'aime bien les deux avec quand même une réelle préférence pour celle avec les morceaux de musiciens vivants dedans. Ce n'est hélas plus le cas de bcp de gens... Mais ça peut changer... Ne revient on pas ces temps ci à qql chose de plus accoustique en musique?...

Bref, autre débat, tout comme celui de la modernité, du progrès...
Doit on suivre ce dernier pour survivre?... J'en ai bien peur...
Il est vrai que j'ai autour de moi des musiciens qui ne sont "que" musiciens, qui refusent de mettre un orteil dans l'informatique (on peut très bien comprendre ça!) et qui galèrent un max et des musiciens (count me in) qui se sont intéressés à ces nouvelles technologies et qui en ont profité pour se trouver un boulot.
Dans mon parcours, j'ai connu des Yarols (ex-FFF), des Mathieu BF (actuel Sinclair, personne n'est parfait) ou même croisé des Fred Chichin... Tous plutôt bon musiciens convenons en.
Et bien tous sans exception se sont depuis jetés de plein pied dans la MAO... Et le pire c'est qu'ils aiment ça!...

Maintenant que les sections de corde de tel film ou de tel docu ou de tel disque soient faites avec les CDs Miroslav Vitus plutôt qu'avec le philarmonique de Londres, je le déplore tout autant que toi mais nous touchons là à des problêmes plus globaux: celui de la course à l'économie et à la réduction forcenée des budgets, celui du manque d'éducation musicale d'une grande partie de la population qui n'a pas appris à faire la différence entre des cordes synthétiques ou samplées et un vrai orchestre ou même (pourquoi pas tant qu'on y est) celui de musiciens qui ont acceptés de participer aux enregistrements de ces mêmes banques d'instruments qui les mettent ensuite au chomage...

Drôle d'époque, c'est sûr...


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Messensib
posté ven. 14 mai 2004, 14:40
Message #26


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Y-a tt de même qque chose de bizarre (dans la technique ciné):
Le nb d'intermittents indemnisés a augmenté beaucoup. Or, le nb de musicos n'a pu que baisser; et avec le montage virtuel, le personnel des équipes a au moins été divisé par 2.
Où est le TRUC ????
Je vais retourner faire un tour sur le site des Assedic. blink.gif blink.gif
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Miss Kiki
posté ven. 14 mai 2004, 15:44
Message #27


La madame est partie.
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QUOTE (Messensib @ May 14 2004, 14:40)
Où est le TRUC ????

C'est simple là ou sur un poste 2 personnes peuvent travailler "à plein temps" tout en faisant des rotations on en fait travailler 6 , 8 .... par intermittence ...


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La Miss est partie sur Second Life et se prélasse sur du sable fin, entourée de créatures de rêves dans une végétation luxuriante... enfin une retraite bien méritée !!!

Yodelhihoo. ;-)

NB : ne laissez pas de messages dans ma bal, je n'y suis plus...
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rokplo
posté ven. 14 mai 2004, 17:18
Message #28


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bravo miss kiki : et j'ajouterai : de ce fait , les intermittents qui réussissent à rester dans le système (et qui travaillent un nombre moins élévé de jours qu'avant), recoivent plus d'assedic qu'avant ... et le système implose ...

pour résumer : 1 - un statut avantageux attire du monde 2 - la quantité de boulot augment un peu, mais le nombre d'intermittents augmente beaucoup 3 - ceux qui arrivent a rester dans le systeme se partagent difficilement le peu de travail. 4 - l'unedic rale parce que les cotisations ne couvrent plus les indemnisations
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Mr.T
posté ven. 14 mai 2004, 17:51
Message #29


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QUOTE
les intermittents qui réussissent à rester dans le système (et qui travaillent un nombre moins élévé de jours qu'avant), recoivent plus d'assedic qu'avant ... et le système implose ...

Houla... C'est pas aussi simple...

C'est pas parceque tu travaille moins que tu touche plus d'indemnité!... Le systême de l'intermittence est peut être bancal mais pas à ce point... Si tu travaille moins, tu toucheras peut être un chouille plus d'indemnité dans un premier temps mais rapidemnet ton taux journalier va chuter et, au final, tu toucheras donc moins qu'avant...
QUOTE
pour résumer :
1 - un statut avantageux attire du monde
2 - la quantité de boulot augment un peu, mais le nombre d'intermittents augmente beaucoup
3 - ceux qui arrivent a rester dans le systeme se partagent difficilement le peu de travail.
4 - l'unedic rale parce que les cotisations ne couvrent plus les indemnisations

1-Avantageux... Faut quand même voir pour qui et jusqu'où...
C'est pas non plus le paradis sur terre l'intermittence hein...
Entre l'angoisse que le téléphone sonne pas, les périodes de chomage de + ou - longue durée (indemnité ou pas,ça peut vite devenir pénible), les embrouilles avec les ASSEDICS et les relations parfois tendues avec les employeurs, c'est pas tous les jours Noël non plus!
Je connais d'ailleurs un paquet de gens qui se sont fait "remercier" à la même époque que moi, ont tenté l'intermittence et qui n'ont pas tenu le coup.
2-Ca, faut voir... Comme Maurice, j'ai pas les chiffres mais il m'est avis que le nombre de "vrais" intermittents (j'entends: ceux qui passent la première année) n'est pas tellement en augmentation que ça.
3-Oui y'a de ça si ce n'est que ces derniers temps je parlerais plutôt de "s'arracher le travail quitte à piétiner le voisin" que de "partager le travail"...
4-L'UNEDIC rale parcequ'il y a un trou... Tout comme la sécu...
Que les cotisations ne couvrent pas les indemnisations, c'est là tout le débat...
Parceque ce dont le MEDEF et consorts parlent rarement c'est le cas (j'en ai des dixaines autour de moi) des intermittents qui ne font pas leurs 507 heures, touchent donc 0,00€ d'indemnité mais cotisent quand même lorsqu'ils travaillent.
Ce dont on parle également rarement c'est que, pour exemple, le modeste mixeur que je suis se voit appliquer des charges (dont cotisation) de 60%, pas moins... Un pourcentage de cadre, ce que nous sommes effectivement (j'ai toujours trouvé ça étrange)... 60% c'est quand même pas mal dans l'effort de guerre, non?...

Ce message a été modifié par Mr.T - ven. 14 mai 2004, 17:58.


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Messensib
posté ven. 14 mai 2004, 18:05
Message #30


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QUOTE (rokplo @ May 14 2004, 18:18)
4 - l'unedic rale parce que les cotisations ne couvrent plus les indemnisations

J'ai retrouvé ça, cité par DJmozart, sur:
http://www.macmusic.org/agora/forums/index...9&t=7108&st=255

J'ai eu beau chercher, je n'ai pas vu d'erreur manifeste (moi, j'avais essayé un truc dans le même sens auparavant). C'est long mais ça vaut le coup de lire.

QUOTE
Exécution collective, mode d'emploi !
par L (comédien, titulaire d´un diplôme d´ingénieur)
Le processus en cours, qui risque d´aboutir, au début du mois d´août, à l´agrément par le Ministère des Affaires Sociales, d´un protocole d´accord signé par les partenaires sociaux le 27 juin 2003, a été préparé et entretenu par une campagne médiatique du Medef, fondée sur le mensonge et la manipulation de chiffres. En voici le décryptage.
Depuis plusieurs années, le Medef répète que les intermittents du Spectacle coûtent cher à la solidarité interprofessionnelle, parce que leur régime spécifique d´assurance chômage (les « Annexes 8 et 10 » du réglement général de l´UNEDIC) représenterait un privilège injustifié.
Une étude de l´UNEDIC, consacrée en 2002 à ce régime spécifique, a fourni des indications chiffrées, que le Medef a aussitôt utilisées en leur faisant dire tout autre chose que ce qu´elles signifient. La puissance de conviction des arguments développés a permis de réduire au silence ceux qui doutaient et de faire passer les opposants à la réforme concoctée par le Medef pour des égoïstes arc-boutés sur leurs privilèges.
L´argumentaire du Medef repose sur une supercherie principale : il établit une comparaison entre le « déficit » des Annexes 8 et 10 et celui de l´ ensemble de l´assurance chômage en 2002. Et les chiffres, apparemment, parlent d´eux-mêmes : 828 millions d´euros de déficit pour les seules Annexes 8 et 10, contre 3,7 milliards d´euros pour l´ensembe de l´assurance chômage ! Le tour est joué : les intermittents du Spectacle coûtent près du quart du déficit total de l´UNEDIC...
Mais si l´on se penche sur ces chiffres de plus près, on constate que les déficits comparés ne sont absolument pas de même nature et qu´une comparaison entre eux n´a aucun sens.
En effet, le déficit de l´UNEDIC est la différence entre les allocations versées par les Assedic aux 2,1 millions de demandeurs d´emploi indemnisés (26,28 milliards d´euros en 2002) et la totalité des cotisations versées par l´ensemble des 16 millions de salariés du secteur privé et leurs employeurs (22,56 milliards d´euros en 2002).
Quant au chiffre de 828 millions, présenté comme le « déficit » des Annexes 8 et 10, il est le résultat de la différence entre les allocations versées, lors de leurs périodes de chômage, aux 102600 intermittents du Spectacle[1] indemnisés en 2002 (952 millions d´euros en 2002) et la totalité des cotisations versées par... les mêmes 102600 intermittents losqu´ils travaillaient (124 millions d´euros en 2002).
Dans un cas, le déficit prend en compte les cotisations de toute une population active, dans l´autre cas, seul l´apport des demandeurs d´emploi eux-mêmes est pris en compte !
Ainsi, s´il fallait comparer le déficit des Annexes 8 et 10, il faudrait le faire à la rigueur avec le déficit des 2,1 millions de chômeurs indemnisés, considérés séparément ! Le résultat serait de l´ordre de 20 ou 25 milliards d´euros de déficit, ce qui conduirait sans doute le Medef à la conclusion que les chômeurs sont terriblement déficitaires et qu´il faut donc les exclure du bénéfice de l´assurance chômage...
Plus sérieusement, en reposant le problème à l´endroit, et en admettant pour les besoins de la démonstration qu´on puisse ainsi oublier le principe de la solidarité interprofessionnelle en saucissonnant les secteurs d´activité, comment pourrait-on évaluer le déficit des Annexes 8 et 10 ?
Il faudrait pouvoir comparer les dépenses et les recettes. Or si les dépenses sont connues (952 millions d´euros en 2002), les recettes ne le sont pas. L´UNEDIC n´en donne en effet qu´un élément parcellaire, qui est la somme des cotisations des seuls intermittents ayant perçu une indemnisation dans l´année, lorsqu´ils ont travaillé dans une entreprise du Spectacle : 124 millions d´euros en 2002. Par contre :
· les cotisations des intermittents n´ayant pas perçu d´indemnisation en 2002 sont oubliées (chiffre inconnu, qui cumule les cotisations des salariés du Spectacle n´ayant pas suffisamment travaillé pour ouvrir des droits et celles des stars qui ont trop bien gagné leur vie et, par le mécanisme de « carence », ne peuvent percevoir d´allocations même lorsqu´elles sont au chômage) ;
· les cotisations des intermittents indemnisés, mais liées à des emplois qu´ils auraient occupé hors du champ strict du Spectacle (régime général, enseignement...) sont oubliées (chiffre inconnu) ;
· les cotisations des salariés permanents du Spectacle sont, elles aussi, oubliées (chiffre inconnu, qui comprend les cotisations des personnels administratifs des salles de spectacle, les personnels permanents des sociétés de production, etc., dont l´activité est directement liée à celle des intermittents) ;
· les cotisations des emplois induits, hors des entreprises de Spectacle, par l´activité des intermittents, sont oubliées (imprimeurs d´ affiches ou de billets de spectacle, fabricants de tissus utilisés par les décorateurs, de strapontins, de chocolats glacés vendus aux entr´actes, emplois en hôtellerie-restauration à proximité des festivals, etc. Chiffre inconnu et indéfinissable) ;
· les cotisations des emplois générés par la consommation des intermittents est, bien entendu, oubliée (chiffre indéterminé...)
Il est donc impossible, en l´état actuel des éléments statistiques connus, de parler de déficit à propos du régime spécifique d´assurance chômage des intermittents du Spectacle.
On peut au contraire proposer une autre approche de ce régime spécifique, en partant du constat suivant : en 2002, les 102600 intermittents du Spectacle ayant perçu une indemnité des Assedic représentaient 4,9% des 2,1 millions de demandeurs d´emplois indemnisés. Ils n´ont perçu que 3,6% du montant total des allocations versées par les Assedic (952 millions sur 26,28 milliards d´euros). La perspective est nettement modifiée... L´on pourrait étudier les causes de cet apparent déséquilibre inverse (les intermittents ont certes des conditions d´ouverture de droits qui tiennent compte de l´ extrême flexibilité à laquelle ils sont soumis, par conséquent plus accessibles que pour les autres salariés, mais le montant de leurs allocations est calculé sur un mode plus désavantageux que dans le régime général, etc...) Mais là n´est pas le propos de cet article, qui vise à démystifier les mensonges conduisant à l´actuel démantèlement de la vie culturelle française.
Autre constat : si l´on excluait purement et simplement du droit à l´ assurance chômage la totalité des intermittents du Spectacle (ce que personne ne demande), l´économie de 952 millions d´euros ainsi réalisée permettrait de faire passer le taux des cotisations des entreprises de France à l´UNEDIC de 3,5% à 3,37% du salaire brut, grâce à quoi elles se partageraient un bénéfice de 617 millions d´euros. Quant aux salariés, la baisse proportionnelle de leur taux de cotisation, de 1,9% à 1,83% du salaire brut, représenterait une économie de 0,76 euros par mois pour un salarié rémunéré au SMIC...
La réforme imposée par le Medef ne prétend d´ailleurs pas être aussi radicale ! Si son intérêt économique pour les grandes entreprises peut se deviner, celui qu´elle offrirait aux salariés du privé, contrairement à ce que prétend le Président du Medef, M. Ernest-Antoine Seillière, serait donc totalement imperceptible.
Le Medef s´est encore livré à une autre manipulation, sous l´angle de la fraude.
Comme tout système, l´assurance chômage a ses failles, dont certains savent tirer profit. Le régime spécifique des intermittents du Spectacle n´en a pas le monopole, mais il a donné lieu à des abus, dont certains ont été mis en évidence ces dernières semaines. Et les abus, par définition, font porter à la solidarité interprofessionnelle une charge qu´elle ne devrait pas avoir à supporter.
L´augmentation, constatée d´année en année par l´UNEDIC, de la somme des allocations versées au titre des Annexes 8 et 10, est probablement à mettre en grande partie sur le compte des abus. Le désengagement progressif de l´ Etat dans le financement de la Culture a conduit un nombre croissant d´ institutions à chercher, dans l´instrumentalisation du régime spécifique d´ assurance chômage, une source de financement indirect permettant de poursuivre à moindre coût leur activité de production.
Dans l´immense majorité des cas, il suffirait d´instaurer des contrôles adéquats pour empêcher les abus : inspection du travail, recoupement des déclarations des salariés avec celles des employeurs, etc. Dans grand nombre de ces cas, l´arrêt des abus ferait mécaniquement peser le coût réel de l´ emploi des salariés sur la solidarité nationale (budget de la Culture), ce qui est souhaitable. Cela ne nécessite en rien la modification des Annexes 8 et 10.
En revanche, la modification des règles d´indemnisation, imposée le 27 juin par le Medef aux partenaires sociaux, loin de représenter une arme contre la fraude comme le prétendent les signataires de l´accord, ne permet en aucune façon de lutter contre les abus existant déjà, mais constitue au contraire une incitation renforcée à la magouille, à la fraude et, notamment, au travail au noir.
En effet, les mécanismes de calcul des allocations, pour les « survivants » qui ne seraient pas purement et simplement éjectés du système et renvoyés au RMI, créent divers mécanismes aléatoires, relevant de la loterie, facteurs d ´iniquité et « d´effets papillon » : une petite cause (une journée de travail supplémentaire), pouvant avoir des effets disproportionnés (réduction de moitié les allocations chômage pour les deux années suivantes)...
Pour éviter les pièges tendus par ces mécanismes de calcul, pour échapper aux injustices qu´ils provoqueront, les intermittents du Spectacle seront, bien davantage qu´actuellement, tentés de « s´arranger » pour modifier les dates de travail déclarées ou d´accepter les proposition de travail non déclaré ou partiellement déclaré que pourront leur faire certains employeurs. Par exemple, chaque mois, minimiser les sommes déclarées comme salaires permettra à un salarié intermittent de percevoir davantage d´ allocations de la part des Assedic. Est-ce vraiment sain ?
Autre mythe à dénoncer : la légende veut que les stars touchent des Assedic en plus de leurs cachets mirifiques. C´est faux. Dans le système encore en vigueur, un calcul est fait chaque année en fonction des revenus perçus, qui détermine un nombre de jours de chômage dans l´année pour lesquels aucune indemnisation ne sera versée. Pour les stars, ce nombre de jours atteint 365 jours et les empêche de percevoir la moindre allocation. Dans le système voulu par le Medef, en revanche, les stars toucheraient les Assedic...
Ainsi, toutes les raisons invoquées par le Medef, pour justifier la modification du régime spécifique d´indemnisation chômage des intermittents du Spectacle, sont dénuées de sens, et il faut chercher ailleurs les motivations réelles de son entreprise de démantèlement. Toujours est-il que, en s´appuyant sur des mensonges, tant de fois répétés qu´ils ont fini par avoir force de vérité, le Medef semble en passe d´obtenir la disparition d´ un système d´indemnisation chômage des intermittents du Spectacle, perfectible mais vital pour les salariés réellement intermittents, et la mise en place d´un système invivable qui conduira, dans les mois qui viennent, à la disparition des revenus indispensables à plusieurs dizaines de milliers de salariés du Spectacle pour vivre entre deux engagements. Le tissu culturel, comme le tissu social, s´en trouveront irrémédiablement déchirés.
A moins que le gouvernement ne décide de refuser l´agrément du protocole d´ accord du 27 juin, permettant ainsi la tenue de réelles négociations.
---------------------------------------------------------------------------
[1] Il s´agit du nombre de personnes ayant perçu au moins une journée d´
indemnisation au cours de l´année, au titre des Annexes 8 et 10. Le nombre
moyen d´allocataires en 2002 est de 57600 par mois. Et le nombre de
cotisants au titre d´emplois intermittents du Spectacle était de 135000 en
2002. (Source : UNEDIC)
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