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Des Musiques De Films Originales, est-ce possible ? |
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dim. 28 janv. 2007, 22:57
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Ned Teach
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Comme il y a pas mal de compositeurs à l'image parmi vous, j'avais envie de vous poser une ou deux questions bien que je ne me destine en aucun cas à cette activité : Est-ce qu'une musique de film peut être originale ? N'y a-t-il pas maintenant trop de conventions attendues, ne doit-elle pas accompagner l'émotion du spectacteur, grand élan lyrique et grand orchestre, tension, suspense, abandon amoureux, peur… le public n'attend-il pas ces clichés qu'il connaît par cœur et qui sont la ponctuation qui lui semble naturelle à force d'habitude ? La pression n'est-elle pas trop forte pour sortir des sentiers battus ? Une grande production peut-elle se passer d'un grand orchestre ? Est-ce que vous voyez le film avant de composer ? Et en ce qui concerne les documentaires ou les séries ? Ça m'intéresse d'avoir vos avis.
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lun. 29 janv. 2007, 00:26
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Ca promet d'être bien intéressant avec l'avis des pros. Je met ce que j'en pense sans y connaître exactement grand chose.
Je crois que ces conventions, c'est pas le compositeur qui les veut, il me semble qu'il fait ce qu'on lui demande. C'est alimentaire. Si tu ballances un truc conceptuel, abstrait, ou que sais-je, dans une grosse prod, censée de part l'investissement toucher le plus large public possible afin de rentrer dans les frais, justement, ca risque de ne pas toucher tout le public. Car il est habitué à ces conventions, veut du sensationnel, de l'émotion à fond les ballons, dans le style caricatural, pas grave, on va au cinema voir quelque chose de simple, on vient se voir au cinéma en fin de compte, mais dans des situations excessives, alors pourquoi se prendre la tête à comprendre une bande son complexe, alors qu'elle est bien souvent transparente et accompagne ce qu'on voit de trompettes pour le héro et de violons quand il embrasse l'heroïne. Je crois que c'est comme un 8 quoi, ou un cercle vicieux, on habitue le public à ca, mais en même temps, on ne peut plus en sortir non plus avec ces critères de rentabilité.
Mais je crois que ca, c'est une partie de la musique à l'image, la plus visible, celle qui brasse le plus d'argent. Ca marche pour la musique et l'art en général.
A côté de ça, des trucs qui sortent des sentiers battus, il y en a pleins, mais ils sont plus difficiles d'accès, et ont du coup un plus petit public.
D'après ce que j'ai compris, il y a beaucoup d'ingés son et d'artistes en général qui aiment bosser sur de petits projets car ils sont plus libres, et peuvent davantage s'exprimer. A mon avis c'est là-dedans que l'art vrai se manifeste, mais il faut être prêt à faire des concessions sur l'image qu'on a de la qualité d'une production.
Enfin voila, c'etait ma petite vision d'étudiant, je ne sais pas si cela se vérifie comme ca dans le milieu, mais c'est comme ca que le perçois vu de l'exterieur. Je bosse justement sur mon premier projet de musique à l'image, pour un court- métrage amateur, et je me pose pleins de questions là-dessus, comment ca se passe? Comment font les pros ? qui leur demande quoi ? Quelle est leur marge de manoeuvre ? C'est pour ca que je lirai ce post avec attention.
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lun. 29 janv. 2007, 04:16
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Ennio Morricone, Nino Rota, Maurice Jarre, Bernard Hermann, Bruno Coulais, Gabriel Yared, Armand Amar, Lalo Shiffrin, Georges Delerue... Voilà... juste les premiers qui me viennent à l'esprit. Bien-sûr que la musique de film est un terrain de création et d'aventure. Et nous laisse de très beaux thèmes, parfois populaires et faciles, parfois beaucoup moins. Hermann, grâce à Hitchcock certes, a porté aux oreilles du grand public des thèmes et orchestrations qui ne passeraient que sur France Culture. Même Williams, je pense au passage d'Indiana Jones 2 avec les insectes, joue de techniques de musiques contemporaines. Coulais fait "danser" des chenilles avec des maracas. Morricone fait entrer un film dans la mémoire collective avec 3 notes d'harmonica. Cela dit, les producteurs, et dans une moindre mesure les réalisateurs, ont très peur de la musique, de sa réception par le public et aussi de ce qu'elle peut faire dire aux images. Ils la connaissent assez mal. Ils ont donc une forte tendance à être très dirigiste, à s'appuyer sur le peu de choses connues qui marchent, et gagner leur confiance, pour un musicien de commande, est peut-être la chose la plus difficile dans ce métier. Il y a deux ans, Yared s'est fait jeté de la prod de "Troie", alors que le score était composé et en fin d'enregistrement, parce que lors d'un screen test les spectateurs ont jugé la musique trop "compliquée". Peut-être, effectivement, était-elle trop belle pour un film qui reste à peu près au ras des pâquerettes Dans les faits, de la petite hauteur de mon expérience (documentaires, courts, jeux vidéos), quand une relation de confiance est installée entre un compositeur et un réalisateur, l'alchimie musique-son-image peut être une merveilleuse aventure. Sur une première collaboration, c'est toujours plus compliqué et "frileux". Et puis avec l'expérience, on apprend aussi à se mettre au service. Un film ne doit pas forcèment être le prétexte de l'écriture d'une belle musique, mais de la musique qui va faire osmose avec lui. Sur la question de l'orchestre symphonique... La dynamique de l'orchestre est un merveilleux outil pour le cinéma. La gamme des émotions et des possibles en écriture est gigantesque. Il y a une attente du public pour cette ampleur, et certains films, grosses productions entre autre, en ont besoin. Mais pas tous heureusement ! Et je pense que le public se laisse aujourd'hui moins avoir par les grosses ficelles des violons larmoyants. Le montage son et le sound design ont aussi progressé, et remplacent parfois avec bonheur la grosse cavalerie symphonique, y compris à Hollywood. My 2 cents.
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Dans quel DD j'erre... Un peu par là.
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lun. 29 janv. 2007, 14:27
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Bonjour, Je n'en ai jamais fait non plus (et pourtant j'aimerais... si je savais qui contacter,.... enfin passons). Je pense cependant que certains blockbusters dédié à un public large vont souvent vers les mêmes ficelles. Le débat , qu'on avait ouvert dans un autre fil avec Messensib, tournait autour des choses apportées par les innovateurs de l'âge d'or d'Hollywood, qui étaient devenus des standarts puis des clichés que les gens voulaient entendre. Je pense que certains "couples" réalisateurs-musiciens fonctionnent bien quand le musicien comprend le cinéaste et le cinéma et apporte un vrai plus au film et quand le cinéaste fait confiance au musicien.. Au théâtre, on travaille de concert, alors qu'au cinéma la musique vient après, le metteur en scène me décrit en général les ambiances qu'il veut, avec des exemples de musiques qu'il connait puis je fais ma popotte pour que ça devienne du "moi" (sans prétention aucune je le jure) avec les désirs du monsieur. mais on travaille ensemble donc ça évolue et chacun défend son point de vue pendant le processus d'élaboration du spectacle, donc chacun évolue vers l'autre. Je crois qu'il doit y avoir moyen de faire cela au cinéma, du moins je l'espère, si le cinéaste fait confiance et a penser à la musique dès le début du processus d'élaboration du film. Maintenant si les financiers s'en mèlent en disant que la musique est trop compliquée, là... (Mozart a déjà connu ça) Maintenant pour l'orchestre symphonique, c'est peut-être cher mais c'est quand même l'instrument le plus souple et le plus dynamique, aucune banque de sons ne donnera jamais cette liberté (à mon avis) donc pourquoi s'en passer. Les compositeurs de ces grandes bandes sons célèbres sont d'excellents musiciens ayant beaucoup étudié l'orchestration et la composition et surtout le traitement d'un thème pour le faire évoluer au fur et à mesure du film. C'est comme dans tout, il y a les bons et les imitateurs. du John Williams ou du Ennio Morricone, ça se reconnait quelque soit le film, il y a la personnalité du compositeur qui transparaît. Certains sont plus fades et font ce qu'on leur demande et parfois une perle.. Dans le genre "musique à la manière de", la bande son des "indestructibles" de chez Pixar (je sais j'ai des petits enfants) est extraordinaire, car elle répond à certains codes bien précis, d'époque et de styles mais reste originale et écoutable aujourd'hui et pourtant moins destinée au plus large public possible que ça... Voilou, j'adore ce genre de discussion...
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lun. 29 janv. 2007, 14:28
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QUOTE (blek @ lun 29 jan 2007, 14:05) Il y a forcément des différences énormes de demandes entre faire la musique d'un court-métrage ou celle d'un supposé blockbuster. Dans ce dernier cas, le "cahier des charges" doit être plus contraignant, non ? Ca dépend du réalisateur, du projet et, effectivement, du budget. Mais y'a pas forcément autant de différences que tu pourrais le penser. Certains réalisateurs de court métrage peuvent être bcp plus castrateur dans leurs demandes et exigences que leur homologues du long...
Ce message a été modifié par Mr.T - lun. 29 janv. 2007, 14:28.
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lun. 29 janv. 2007, 15:06
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Pour ma part, j'ai quand même le sentiment que l'époque des rencontres compositeur-réalisateur est belle et bien derrière pour beaucoup de films et séries. Les producteurs et le marketing ont pris le dessus et bien souvent le réalisateur n'intervient plus dans le choix du compositeur, malheureusement., du moins sur un film dont l'enjeu est important. J'ai eu l'occasion de travailler sur un "blockbuster" en tant que compositeur additionnel (j'ai fait 20 minutes).. J'ai du pour l'occasion prendre un pseudo, car mon nom etait trop identifié à la télévision : déjà ça commence là. En effet, il y a des compositeurs dignes de faire de la musique de film, d'autres non, c'est mon cas. Ce film (je ne citerai pas son nom) etait soumis à une pression médiatique forte : le compositeur principal a versé dans l'orchestral puissant, alors que le film aurait du être traité avec un son contemporain. De nombreux journalistes l'on fait remarqué, en référence aux quelques ambiances que j'ai developé dans le film. Pourquoi ? Parce qu'un score orchestral est sérieux, et surtout parce que ce qui importe dans bien des cas c'est la notoriété du compositeur, indépendamment de la qualité. Il y a bien sur d'excellentissimes compositeurs que ce soit en France ou à l'etranger, là n'est pas le problème. Mais systèmatiquement, dès que l'enjeu est un peu important, pas de risque... J'ai fait un essai il y a 6 moins sur un autre "gros" film français, et j'avais bon espoir, je pensais être pile dedans. Je l'etais, la prod m'a rappelé par l'intermédiaire de la personne qui s'occupe de moi, mais quand on est arrivé au chapitre références, j'ai volé en éclat, en 3 minutes montre en main. Le compo qui a finalement fait le film n'est pas passé par la case test, il a juste déjà fait 50 longs et celui ci a été fait par un de ses nègres. Je me dis juste qu'un jour, par une petite fenêtre, je rentrerai dans la cour. En revanche, en télé, je trouve que c'est vraiment plus ouvert paradoxalement. Quand un réalisateur joue le jeu, il peut faire passer beaucoup de choses auprès de la chaine, sans forcer. J'ai fait une série il y a 5 ans ou j'avais pris le pari de ne developper aucun thème, ne faire que des tourneries electroniques pour souligner les émotions. La chaine, bien que surprise, a acceptée, et ils ont même trouvé ca "amusant". Bon, la série n'est pas restée dans les livres pour 100 000 raisons, mais bon... Pourquoi n'entend on pas de meilleure musique alors ? Parce que le compo n'est pas choisi par le réalisateur et qu'effectivement, seule une relation de conivence forte permet de faire sauter les verroux et cela prend du temps. Comme je l'ai évoqué sur d'autres thread, les conditions de compositions sont très rudes. Il est difficile de réaliser d'excellentes choses quand on bosse à la chaine, préssurisé. Comme me le faisait remarquer un membre de macmu, il faut s'entourer, bosser à plusieurs, avoir une équipe. Compte tenu des egos, du système français de droits, il est difficile de mettre en place de telles équipes. Après, la réalité n'est pas rose parce qu'il y a BEAUCOUP d'enjeux éditoriaux qui viennent noircir le tableau, surtout en France. On va plutot choisir un compo sur sa capacité à tolérer l'intolérable (cosignature, etc). Comme je l'avais déjà dit sur macmu, il ya aussi pas mal de procédés "déloyaux" de la part de confrères bien installés, qui n'hesitent pas à financer eux même la création, juste pour faire de l'edition. Quand on débute ou que l'on est pas fortuné, comment rivaliser. Et en ces périodes difficiles pour la musique originale, ces pratiques se resserrent. De plus, je vois débarquer depuis 2 ans les maisons de disques dans le business de la série. Ils s'attaquent pour le moment aux génériques, ou ils placent leur artististes en échange de coquettes sommes d'avances éditoriales, et par le biais de leur filiale "musique d'illustration", ils ne sont pas loin de prendre des intérets dans le score même de la série. Tout ça en echange de grosses avances sur la gestion de catalogue., qui aident forcément à boucler la prod.... Voilà à quoi ressemble de plus en plus la musique à l'image selon moi. Mais il y a plein d'exceptions ou la musique reste le point central, je ne vois pas tout en noir, mais c'est très très loin d'etre la majorité. Je reste persudé que le business de l'edition, dans sa grande majorité, décapite notre métier depuis longtemps, ques les loups ( éditeurs-diffuseurs) sont entrés dans la bergerie (la sacem )
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lun. 29 janv. 2007, 15:16
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QUOTE (Mr.T @ lun 29 jan 2007, 14:28) QUOTE (blek @ lun 29 jan 2007, 14:05) Il y a forcément des différences énormes de demandes entre faire la musique d'un court-métrage ou celle d'un supposé blockbuster. Dans ce dernier cas, le "cahier des charges" doit être plus contraignant, non ? Ca dépend du réalisateur, du projet et, effectivement, du budget. Mais y'a pas forcément autant de différences que tu pourrais le penser. Certains réalisateurs de court métrage peuvent être bcp plus castrateur dans leurs demandes et exigences que leur homologues du long... Oui, ca c'est certain. Je suis même convaincu qu'il est 1000 fois plus facile, une fois qu'on a la possibilité, de faire la musique d'un blockbuster.
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