Peter Gabriel reçoit le Frankfurt Music Prize 2006, Evénement Options

[_news_]

Commentaires sur:

Peter Gabriel reçoit le Frankfurt Music Prize 2006

[Inwardtides]

Mais le mettre en balance avec des choses (si "bonnes" soient-elles) qui visiblement ont des préoccupations totalement autres...

Finalement, en est-on si sûr? Autres que quoi? Que la création d'une forme significative? Que la communication de l'expérience humaine au travers d'une oeuvre, d'un artifact? Que, en somme, de susciter l'intérêt de ses contemporains au moyen d'une "décoration du temps", d'une "sculpture de particules d'air", bref de musique?

Pour moi le fait qu'on puisse primer Ligeti une année et P.G la suivante ne témoigne pas d'une "chute de critères", mais bien d'un esprit ouvert et éclectique.

Est-ce l'horrible spectre du divertissement de masse qui vous semble tellement... "autre"? Si une pièce musicale vous intéresse suffisamment pour que vous l'écoutiez, elle vous "divertit", d'une manière ou d'une autre, sinon ce n'est pas la peine, n'est-ce pas? Varese me divertit, de la même façon que Miles ou Brassens, bien qu'au moyen de langage musicaux différents. De la même façon, un film de Robert Bresson ou de Martin Scorcese. Différence de langue, d'époque, de préoccupations, de culture, de techniques, pourtant représentés et/ou primés dans les mêmes festivals. Il ne s'agit ni d'un classement ni d'un concours, juste d'une distinction. Où est le problème? Est-ce là du politiquement correct? A mon sens, non.

S'agit-il d'un festival de musique contemporaine qui aurait brusquement décidé de récompenser un artiste rock? Non plus... il n'y a donc pas confusion des genres, et l'argument Uderzo - Rothko etc., ne tient pas vraiment. Il est d'ailleurs intéressant de faire le parallèle avec l'art contemporain, qui ne semble pas avoir de problème avec la dérision et l'humour, et a su réintégrer les apports de la BD depuis longtemps, comme la littérature l'a fait avec le langage parlé depuis Céline. Certains, il est vrai, ne s'en sont jamais remis.

Spécifique au monde de la musique, la prétendue dichotomie "tradition orale, tradition écrite" est devenue une tartufferie, regroupant d'un côté, avec le chant des oiseaux, les musiques dites "primitives", la pop, le blues, et de l'autre, dans la "cour des grands" les augustes production écrites à la main par des lettrés musicaux. Cette vision était encore celle de la génération des années 60-80, et encore, bien plus en Europe qu'ailleurs. Elle est désormais rejetés par bon nombre de jeunes compositeurs, pour qui tout matériau est bon en soi (pas "bon" entre guillemets), et être post-moderne n'est pas nécessairement synonyme d'avilissement, pas plus que de travailler avec un DJ (par ex. Philip Glass).

Quand je mentionnais Puccini et Gainsbourg, je les plaçais du même côté. L'opéra vériste étant considéré en son temps comme de la variété indigne de l'art "noble".

On en a toujours pas fini avec ces conneries, apparamment.