Merci Grums, le sujet "décibel" a été discuté sur l'autre sujet de commentaires (commentaires sur la news annonçant l'article) et donc est abordé maintenant ici (dans les commentaires sur l'article).
A ce propos si quelqu'un veut faire un article sur l'acoustique, je suis preneur
Pour simplement reprendre le sujet sur la sensation de niveau en acoustique, juste deux/trois choses:
- Popboy, (dans l'autre sujet commentaire) dit : "c'est un bel qui représente le doublement de l'intensité du son perçu donc 10 decibel, non ?" En fait le Bel exprime un rapport d'intensité décrit par son logarithme (distance logarithmique égale entre 1 et 10, 10 et 100, 100 et 1000). ici la valeur de 1 B représente le gain d'intensité quand le rapport est égal à 10 (log10000/1000 = log de 10puiss4/10puiss3 : 1 B), par exemple un rapport de 10 à 1000 représente 1000/10 = 100, et log 100 = 2 B. Donc toujours sur le même principe, la différence entre 1 et 20 trompette sera log 20 = 1,3 B. Mais le Bel est peu utilisé car trop grand..donc décibel...
Et le niveau de référence, 0 dB, est par convention la puissance minimale nécessaire pour qu'un son de 1000 Hz soit statistiquement "juste" audible (soit 10 puissance -12 watts/m2).
Ce qui donne la formule (importante) L = 10 log I/Io (I est l'intensité finale, Io l'intensité égale à 10 puiss-12 watts/m2).
Il est de toutes façon difficile de mesurer l'intensisté, puisque c'est de l'énergie qui traverse diverses couches d'air, il est par contre beaucoup plus facile de mesurer la valeur de la pression que de l'intensité sonore.
Donc si on applique la formule, un doublement de l'intensité sonore équivaut toujours à un gain de 3 db (10log 2I/I = 10 log 2 = 3 dB).
Donc 20 dB + 20 dB = 23 dB d'intensité sonore.
En niveau de pression le même doublement donne (20 log 2p/p = 20 log 2 = 6 dB) donc20 dB + 20 dB = 26 db, et 60 dB + 60 dB = 66 dB.
Mais ca c'est juste des maths, car après il y a la psychoacoustique et la "sensation de niveau" ou d'intensité qu change un peu notre affaire. On utilise alors une "courbe isosonique" qui, pour un "individu type" dresse la liste des sons qui, subjectivement, sont perçu aussi fort qu'un son de 1000 Hz à 40 dB. Tous les sons ont donc la même intensité subjective perçue, c'est ce qu'on appelle la sonie.
Cette sonie (donc sons d'intensités physiques différentes mesurées en dB, mais intensités subjectives égales) se mesure en phone (Ph). Par convention, comme tous les sons de la courbe ont été comparés à 1000 Hz,, 1 phone vaut 1 dB à 1000 Hz. Donc un son de 1000 Hz à 50 dB représente 50 Ph, mais 100 Hz à 60 dB represntent 50 Ph aussi...
Le système auditif n'est pas linéaire, et varie à la fois en fonction de l'intensité et de la fréquence. Dans la zone sensible (entre 500 et 5000 Hz), l'oreille a besoin de très peu d'énergie pour entendre, par contre aux extremes l'oreille est beaucoup moins sensible aux nuances, car la sonie croît beaucoup plus vite que dans la zone sensible, et il peut y avoir une interférence entre le timbre et le niveau sonore. Et il ne faut jamais confondre rapport d'intensité et valeur absolue.
Car si on prend une salle de concert avec un bruit de fond de 40 dB et que l'orchestre joue un fortissimo de 110 dB , le rapport signal/bruit sera de 70 dB. Si on passe en revue les notation d'intensité entre le ppp et le fff, on a sept niveaux qu'on peut tout a fait utiliser dans les 70 dB de dynamique pratique de cette salle...7 nuances..7 Bels.
Mais si un Bel sépare bien deux intensités voisines, la plus petite valeur qu'un musicien est capable en situation de jeu est capable de contrôler est d'environ 10 dB, alors qu'une oreille est capable dans de bonnes conditions d'entendre une différence d'1 dB entre deux sons. Enfin si la dynamique dans mon exemple est de 70 dB, ca ne veut pas dire qu'un ppp est toujours égal à 50 dB ou un ff à 90.
Un essai a été fait de mesurer au décibelmetre un orchestre, dans les mêmes conditions, sur des nuances précises, avec des "valeurs références" (ppp = 20 phones, fff = 95 phones) et l'échec a été total.Car en fonction de ce qui va précéder ce "fff" ou ce "ppp", la valeur de la nuance va changer.
Il existe en effet un règle de "prévisibilité" des évènements sonores qui permet à l'oreille de s'adapter à l'intensisté, et qui modifie le niveau transmis à l'oreille en fonctione de l'environnement. C'est du servo-réglage comparable à celui de la pupille sur l'oeil pour la lumière, ou de certaines actions immédiates (on voit que la porte va claquer, on sait que le public va applaudir..on prévoit le gros coup de timbale).
Par contre contrairement à la hauteur, il n'y a aucune référence fixe pour le niveu sonore, il n'y a pas d'oreille absolue du décibels ou du phone, car personne n'a encore la capacité de mesurer en temps réel la contraction de sa musculature auriculaire.
Alors, +3 ou +6, intensité ou pression, à vous de voir.
Moi je vais me prendre une 'tite pression....
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ps : un immense merci personnel à Dominique Bassal pour m'avoir autorisé à reproduire son splendide article ! Vous verrez, les deux autres parties sont tout aussi passionnantes...